Communiqué de la Commission Enquête Chine

La Commission Enquête Chine a pris connaissance ce jour de la décision de la commission exécutive de la HKCTU, la confédération syndicale indépendante de Hong Kong, de préparer la dissolution de l’organisation syndicale, décision qui sera soumise à un vote des adhérents le 3 octobre prochain. Cette décision est une mesure de protection des militants syndicaux qui fait suite aux campagnes de calomnies et menaces physiques du pouvoir, accusant la HKCTU d’être « la main noire » des manifestations de masse de 2019 contre le projet de loi d’extradition et de « collusion avec des forces étrangères ».

Après avoir, en début d’année, jeté en prison la présidente de la HKCTU, Carol Ng, et le secrétaire général Lee Cheuk-yan, le pouvoir décide donc aujourd’hui de forcer à la démission les dirigeants syndicaux et la confédération à la dissolution. Cela fait suite à la mise à mort du syndicat des enseignants HKPTU le mois dernier, un syndicat de 95000 membres affilié à la HKCTU et présage de nouvelles attaques contre le mouvement syndical, par exemple contre le HAEA, syndicat du personnel hospitalier, aujourd’hui accusé de violer la loi. 

Ainsi, cette confédération syndicale indépendante du pouvoir, hier forte d’une centaine de syndicats et de 145 000 syndiqués, se voit contrainte par un pouvoir dirigé et monopolisé par le Parti communiste chinois de renoncer à défendre les revendications et les droits des travailleurs. 

La Commission Enquête Chine, qui a placé la solidarité ouvrière internationale au cœur de son activité depuis trente ans, considérant que « le droit des travailleurs à l’organisation indépendante ne connaît pas de frontières », condamne ces attaques contre les syndicats indépendants et les organisations de défense des droits ouvriers. Ainsi, l’AMRC, une organisation régionale d’information sur la condition ouvrière basée à Hong Kong, se voit aussi contrainte de quitter cette ville. Des dizaines d’organisations et de syndicats d’Asie lui ont apporté immédiatement leur soutien dans une déclaration, à laquelle s’est jointe la Commission Enquête Chine.

C’est l’AMRC qui, en 1994, a mené campagne pour faire connaître les conditions de travail des ouvrières du jouet en Chine dictées par les patrons de Hong Kong dans la zone économique spéciale de Shenzhen, là où 87 jeunes ouvrières avaient perdu la vie une nuit de 1993 dans l’incendie de l’usine-dortoir-entrepôt, portes cadenassées de l’extérieur et barreaux aux fenêtres. Et ce sont les mêmes qui hier avaient protégé les patrons à Shenzhen qui condamnent aujourd’hui la HKCTU et l’AMRC à Hong Kong.

En tout état de cause, ce pouvoir ne pourra empêcher que les livreurs de repas, les travailleurs de Hong Kong et d’ailleurs en Chine manifestent pour leurs revendications, comme il ne pourra empêcher la commémoration du massacre des travailleurs et de la jeunesse à Tian Anmen en 1989 que la HKCTU assurait depuis par une veillée aux chandelles.
La Commission Enquête Chine en appelle à nouveau aux dirigeants du mouvement ouvrier international : il est de votre devoir impérieux de condamner avec force ces attaques contre le mouvement ouvrier chinois et d’exiger la libération des syndicalistes de la HKCTU emprisonnés, ainsi que le respect du droit imprescriptible de former librement des syndicats. J. Wong, qui préside encore la HKCTU, l’a dit hier : « Le mouvements ouvrier a toujours mis l’accent sur la solidarité internationale. La coopération ou les rapports de la HKCTU avec des syndicats dans d’autres régions est naturelle et justifiée, le gouvernement n’a jamais dit au cours des trente dernières années que cela violait les lois ».

20 septembre 2021

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